LE JOURNAL DE GUINEE (Tome IV de DYSTOPIA)

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Cesco venait voir Rania tous les jours à l’hopital central d’Odysséa. Il avait insisté pour qu’elle conserve une chambre individuelle dont il assumait seul les frais, tout comme ceux relatifs au reste des dépenses liées à sa longue hospitalisation.

Les parents de Rania, ses frères et ses amis qui n’avaient jamais trop cru à leur histoire, rythmée par de nombreuses ruptures, étaient surpris- et l’auraient été agréablement en d’autres circonstances- de le voir s’investir autant dans le processus de guérison de Rania qui n’était plus qu’une masse inerte. Il la voyait certes vulnérable et inanimée, mais il entrevoyait aussi sa combattivité, sa pugnacité même diminuée. Il ne l’avait jamais trouvé aussi belle et digne, en dépit des fils de perfusion parcourant ses bras émaciées et courant jusque sous ses narines. Elle ne lui était jamais apparue aussi forte et fragile.

Cependant, et les médecins ne cessaient de le lui répéter avec plus de ferme pédagogie que de bienveillance à présent, plus aucune conscience ne l’habitait. La balle qui l’avait touché au niveau du front avait pu être extraite et avait seulement frolé le bord d’un des lobes du cerveau. Mais elle avait perdu une quantité considérable de sang avant sa prise en charge aux urgences, et malgré la transfusion sanguine qui avait suivi dans des délais raisonnnables, le coma était une conséquence inévitable. Sa survie était miraculeuse.

Malgré des constantes stables et régulièrement surveillées, son état végétatif ne semblait malheureusement pas évoluer. Les stimulations quotidiennes de Cesco, inépuisable, n’y changeaient rien. Et si les résultats de l’imagerie cérébrale n’étaient guère encourageants, le reflexe pupillaire que lui seul perçevait, représentait un espoir auquel il s’attachait avec foi et determination. Il se montrait généreux envers l’établissement qui accueillait Rania, et avait même financé un des programmes de recherche de leur fondation, afin de s’assurer que cette clinique privée, à la pointe du progrès médical, lui offre les meilleurs soins et explore toutes les possibilités, y compris alternatives, en terme de protocole de soin.

De son côté, il lui semblait avoir trouvé la stimulation la plus efficace, en la lecture du manuscrit de Guinée, que lui avait remis ses collègues de la criminelle, attérés d’avoir eu deux cas de crimes la même semaine, et que l’un d’eux concerne un des éléments les plus appréciés et prometteurs de leur unité.

Ils n’avaient aucune piste sérieuse pour aucune des deux affaires. Le MemAudio de Rania n’était pas visuel. Seul son témoignage, en raison de la désactivation de caméras et drones de secteur, aurait pu les orienter.

  • Ma chérie, lui répétait inlassablement Cesco en portant sa main inerte à ses lèvres, rien que pour sentir la vie pulsant encore sous sa peau, je vais te lire une nouvelle partie du journal de Guinée, tu veux? Je suis certain qu’on peut y trouver des réponses, en dépit des quelques pages arrachées. Bon, allez…je me lance! Ma diction a jamais été top, mais à moins de te réveiller…tu devras te contenter de moi pour l’instant. Pour l’instant.

Il l’ embrassa à nouveau et démarra la lecture.

LE JOURNAL DE GUINEE EBODE

Le 15 novembre 2030

« Le dispositif d’élimination sociale mis en place pour me détruire n’est pas apparu du jour au lendemain, comme les habituelles tuilles qui peuvent tomber dans la vie d’une mère célibataire, Plomberie, Rage de dents, Accident de vélo ou même la participation contrainte à la kermesse du mois de juin. Ca s’est inséré progressivement, sournoisement dans ma vie de mère célibataire.

Mère célibattante dit-on solidairement, la solidarité s’arrêtant au constat qu’il était en effet difficile d’assumer seule une famille. Dans mon cas, une mère célib’ de 3 enfants, qui lutte pour faire rentrer un mois de 31 jours de dépenses, factures et courses dans des comptes serrés, difficilement encastrables dans autre chose que la petite calculatrice Casio de sa fille.

Cette calculette, Marion l’a depuis trois ans. Un an de moins que sa paire de basket, qu’elle alterne avec une paire de Timberland qui commence aussi à sérieusement s’éliminer. Aussi comprenez ma rage le jour où j’ai découvert le cambriolage et le vol de près de 5000 euros de vetements de créateur dont des Blanikh porté une ou deux fois pour la frime, derniers vestiges d’une vie à jamais révolue et conservé dans le seul but de tirer profit de leur vente. Oh oui, j’ai éclaté de rage…..le réseau mafieux communautaire avait osé! J’étais folle de rage.

La rage qui te pousse à donner un bon coup de pied dans un mur qui ne t’a rien fait, et heureusement car ton pied endolori ne résisterait pas à une riposte, comme un éboulement de parpaing!

Nous subissons, supportons tellement de privations, en réclamant le moins de choses possibles: je paie seule ma mutuelle, je demande pas de bons alimentaires, et jusqu’à très peu de temps encore, les enfants fréquentaient un établissement scolaire privé. Je me coiffe pas, je sors pas, je baise pas, je bois pas…bon, il est inutile de se mentir à soi même. Disons que je bois très peu. Je ne peux pas renoncer à tous les plaisirs non plus. Ca serait leur faciliter le travail, à ces pourris. Un des réseaux les plus agressifs qu’il m’ait été donné de voir….et pourtant, les différents territoires dans lesquels nous avons tenté de nous installer avant d’être impitoyablement rattrapés par la réalité de ma condition de personne ciblée, n’étaient pas en reste. Le temps de répit varie de quelques minutes à 36 heures au max!

Puis, le réseau de base s’installe et « colonise » le territoire en un temps records. Ici, l’émulation a été immédiate: Zero résistance. Une collaboration passive pour les plus héroiques, et une certaine jouissance à intégrer une organisation mafieuse et puissante pour les plus veules. Les pègres locales, plus anciennes, cimentent l’ensemble.

Tout nous est volé, on a droit à rien: ni emploi, ni formation, pas de sécurisation des données bancaires, pas de droit à l’éducation, pas le droit d’évoluer dans un environnement sain et sécurisé, pas le droit à la tranquillité, pas de droit au logement…même lorsqu’il nous est statutairement attribué. Pas le droit de disposer de nos propres biens. Pas le droit de dessiner…ils m’ont piqué mon chevalet et pas mal de toiles. J’ai donné la plupart pour qu’ ils les exploitent pas….les cons l’ont vécu comme une offense. Le vol est un tel réflexe pavlovien chez ces cons, qu’ils s’étaient convaincus au bout d’un moment, ces idiots, que ça leur appartenait vraiment.

Evidement, au centre du harcèlement, au delà les réseaux mafieux communautaires aux relents misogynes et négrophobes, il y’a la famille et l’argent. Patrimoine qui sera toujours fantasmé pour moi , n’ayant jamais eu accès à la succession pour laquelle mes proches m’ont mise à mort.

Je calcule tout au moindre centime près, en m’appuyant sur ma ferme volonté et capacité à prioriser les dépenses essentielles, pendant que ces cons prennent mon compte en banque pour les portes dorées d’un palais byzantin. « Et-vas-y-que-je-tape-200-euros-par-là- puis-300-euros-par ici…« autant de sommes disparues dans les limbes des frauduleuses lignes comptables de la banque qui « légitime » le tour de passe-passe.

Puis pour être certaine que je me retape pas une santé financière de sitôt , cette banque, la SOCIETE GLOBALE, usant de sa toute-puissante autorité a aussi bloqué ma réserve d’argent (et vlan! moins 2500 euros dans ta face!)

En effet, il faut toujours une « autorité » dans cette connerie de harcélement en réseau: Etat, banque, justice, police…

Ce coup ci, c’était la SOCIETE GLOBALE….tu parles d’un nom, avec tout ce qu’elle m’a piqué ou tout ce dont elle a « autorisé » le vol, elle devrait s’appeler la Société d’Houdini.

Une banque qui revisite l’idée de braquage, dorénavant interne à la Casa Del Pipeau….avec Ali Bébar et les quarante banksters en guest-stars, si on passe en mode « comptes défaits » (….conte de fées, y’a un jeu de maux!)

J’ai d’ailleurs vite compris qu’il était complètement vain de faire ses comptes dans ces conditions, où l’objectif était clairement de me faire perdre pied et abolir toute logique à laquelle me raccrocher.

Je me suis mise alors, par instinct de survie, à lire les témoignages de rescapés de la seconde guerre mondiale, qui avaient été si déshumanisés que même leurs propres vies ne leur appartenaient plus. Je devais survivre, dans un contexte différent mais aux résonances similaires, comme certains d’entre eux, avaient survécu au pire.

J’ai essayé de résister, bien plus par obstination génétiquement programmé que par courage. J’ai écrit tous azimuts, de nombreux rapports, dont des articles assez qualitatifs qui furent même repris par d’autres « résistants ». Puis, des posts sur réseaux sociaux, lancés comme autant de bouteilles à la mer, froide et à l’horizon plat. Certains contenus étaient si piteux, empreints d’une fébrile inquiétude, que ceux qui les recevaient, devaient probablement rejeter la bouteille dans la morne étendue d’eau d’où ils l’avaient tiré. C’était une époque où même les militants les plus investis évitaient les problèmes non-instagrammables, qui prenaient mal la lumière.

J’ai aussi essayé l’évitement: j’ai déménagé. Tellement de fois. Mais partout où j’arrivais le réseau semblait se reconstituer avec la féroce vélocité d’une hydre ne sachant où donner de la tête, et piochant dans les ressources locales afin d’étendre son territoire!

J’appris ainsi que la corruption était la chose la mieux répandue en ce bas monde, suivi de près par la cupidité. Ne jamais sous-estimer ni l’une, ni l’autre. Même chez des proches.

La seule question que je me pose régulièrement est « Jusqu’où ira cette dynamique de spoliation »?

S’arretera t-elle à l’infranchissable limite du droit de vie ou de mort sur Autrui, ou leur hubris débridé les autorise -il à penser que mon souffle de vie, leur appartient aussi?

Mes factures d’eau avaient été multipliées par 10 alors que nous vivions à quatre, chichement, dans un appartement insalubre ayant un seul point d’eau. La machine à laver, jamais déballée, ne pouvait même pas être raccordée, et je recyclais l’eau des bains pour laver le linge. Et les sols. Et les sanitaires. Et tout ce qui pouvait encore être lavé avec une eau noircie par ces successifs nettoyages.

Les factures d’électricité, en plus de se multiplier, se dédoublaient dans le même mouvement. J’avais carrément deux modes simultanés de facturation, là où un seul était admis. Au final, ma consommation annuelle avait beau plafonner à 300 euros, j’en avais payé 900 à la fin de l’année sans que cela n’émeuve personne…..le fournisseur d’accès, trouvant même le moyen, malgré cette surfacturation évidente d’en réclamer 200 de plus, comme un ado ingrat pressé d’aller se bourrer la gueule avec ses potes et tapant dans le sac à main de sa mère!

En fait, il ne fallait pas chercher à comprendre: le système néo-esclavagiste du gang-stalking était ainsi fait. Pas de conjoint, d’amis ou de famille? Pas de communauté organisée et volontaire?

Pas de droit. Un point, un trait, pas de ligne!

L’état de droit avait été supplantée par l’état de communautés. Par le clientélisme et le lobbying qui y étaient associés, sous fond de népotisme et corruption.

Le paroxysme de l’injustice et de l’horreur arrivait à la tombée de la nuit. Le soir, commençaient les tortures via ondes electromagnétiques…sur moi, sur les enfants, sur les plantes.

Je n’ai plus acheté de plantes dans l’appartement où nous étions hébergés: les agressions par armes à énergie dirigée étaient trop puissantes: ma peau a été cramée, les dents de ma fille calcinées, ses si beaux cheveux sont à présent comme du crin. Les plantes ne survivaient pas plus de deux mois dans l’appartement. J’y avais renoncé par solidarité entre les êtres vivants.

On vient d’émmenager dans un nouvel appartement! Quel joie de voir son nom sur le contrat de location, son nom sur le bail!

Moi qui me suis longtemps senti comme une personne en situation irrégulière face à une patrouille de police lorsqu’on sonnait à la porte de l’ancien appart, je suis enfin CHEZ MOI!

Ca a largemment compensé le comité d’accueil, que le réseau a du payer 10 balles chacun pour qu’ils viennent cuver leur villageoise et leurs injures sous mes fenêtres.

Le 16 novembre 2030

Le réseau a réussi à entrer dans notre nouvel appartement dont la porte est pourtant blindée. Sont-ils entrés avec des complicités au sein de la résidence, ou encore par le biais d’ employés de télécommunications, par l’ancienne locataire ou par tout autre moyen? Je n’en sais rien….mais ils ont aujourd’hui, malgré notre déménagement, encore accès à notre intimité.

Nous sommes plus que jamais menacés, c’est épuisant! Je suis en train de préparer une exposition grâce à un contact ayant une galerie en centre ville. Le réseau en a eu vent, et organise le vol de ma propriété intellectuelle afin de me priver d’une potentielle source de revenus. Une ancienne miss ou influenceuse qu’ils ont copté, aurait racheté à mon insu et sans mon aval, ces droits à cousine Tiako, secondée du réseau de mafieux communautaires.

Ils ont prévu pour ne pas s’arreter en si bon chemin, de me faire enfermer sous un faux prétexte ET de récupérer mon appart, par un tour de passe-passe administratif et documents falsifiés : grâce au maillage territorial qu’ils ont établi en un temps record auprès d’une population locale particulièrement désargentée, ils ne seront jamais en panne de faux témoignages.

Une fois écartée de mon propre logement, ils veulent le sous-louer à deux familles réfugiées actuellement mal-logée. Leur philanthropie a quand même des limites: ils ont prévu de leur faire payer le triple du loyer!

Pendant ce temps, le montage juridique orchestré par mes proches qu’on a épouvanté avec des menaces de mort, voire pire avec la perspective d’un appauvrissement soudain, compile les faux certificats médicaux, les protégeant à minima en cas d’investigation sommaire.

Leurs complicités étendues ne laissent aucun doute sur le caractère occulte de l’organisation regroupant tout ce joli monde, dans lequel la manipulation est la règle.

Les mafieux communautaires ont quand même parlé de 4 executions…Je leur réponds en général, crânement, que je n’ai pas peur de la mort. Dans l’absolu, c’est vrai : ces gens ne supportent pas que j’ai le moindre centimètre carré de liberté.

Une vie sans liberté n’est pas une vie. Je pourrai donc aussi bien être morte, ce qui est préférable au statut d’esclave que le réseau communautaire en tête, suivi de très près par les membres les plus malveillants de mon entourage et enfin, les institutions corrompues et complices, n’en aurait cure. Ma vie ne compte pas pour eux.

Mais cette assertion reste vide de sens car elle cache la réalité: si je n’ai pas peur de la mort, j’ai peur de mourir. Cette intervalle entre la vie et la mort est l’ultime Inconnue, et pour qui n’est jamais sorti de sa zone de comfort, cela peut-être terrifiant.

L’Inconnu, c’est quelque chose qu’on doit experimenter, dompter trés tôt, en allant notamment à la rencontre d’autres cultures, en voyageant, en expérimentant de nouvelles choses. Faire en sorte que le changement et la transformation, la metamorphose devienne une seconde nature.

J’ai toujours fait parti de ces gens qui entraient dans un état de panique suraigue dès qu’ils n’aperçevaient plus le clocher de leur village.

Aujourd’hui pourtant, je suis à peu prés certaine de préférer l’inconnu, quelqu’il soit, à ce que je connais déjà, une amertume telle que, sans les enfants, la vie ne vaudrait vraiment pas la peine d’être vécue.

Le 17 novembre 2030

Je viens de réaliser ce que je craignais de longue date….De mes 3 enfants, Ethan, Marion et Wely, cette dernière est celle qui est probablement ciblée au même titre que moi, ou alors la plus sensible à leur dispositif technologique. Elle répète parfois des phrases entières de ces tortionnaires acoustiques, mais sans avoir la pleine conscience de les avoir entendu. Cette suggestion latente, régulière,omniprésente est une torture ne laissant aucune place au libre-arbitre quand on en a pas conscience. J’ai donc achetéun casque à Wely, afin de lui épargner le babillage creux, aussi infertile qu’incessant de ces tortionnaires sans noms eet sans visages. J’aurai mieux fait de lui acheter un 45 tours, même sans tourne-disque, elle en aurait fait meilleur usage…La gamine m’a ri au nez, en réclamant un casque de réalité virtuelle Golden, aux prochaines fêtes. Ce qui n’arrivera jamais, même pas en rêve, même pas en cauchemar…je me réveille net!

Je dois moi-même, qui suis pourtant consciente de leur présence, à être attentive à ne pas me « dissoudre » dans le discours des tortionnaires, discours qui a varié au fil des ans. A préserver le pré-carré de ma personnalité.

Lorsque ces « voix’«  sont apparues, j’ai trés vite compris qu’il s’agissait de troubles exogènes, et non endogènes. J’ai été trés malheureuse lorsque j’ai compris que ce n’était pas une farce de quelques jours, mais une damnation aussi secrète qu’incompréhensible…

Moi qui ai toujours adoré me retrouver seule après une grande manifestation, joyeux repas de famille, soirée bruyante ou tout simplement une relation énergivore, en profitant de ce bref sas de solitude pour me ressourcer, revenir à moi-même, me redécouvrir, je me trouvais encerclée par une prison de murmures me dénigrant, m’insultant et me menaçant. Non-stop. De jour comme de nuit. Leurs paroles dénotaient parfois l’interet mercantile et libidineux, la jalousie visqueuse, le mépris décomplexé et assumé. En fait, rares étaient les êtres humains qui me stimulaient au point de les préférer à ma solitude choisie, et ces tortionnaires n’en faisaient pas partie.

En fait, cet immonde dispositif de surveillance et de torture (je ne vois pas d’autres mots) permettait à la pireespèce d’êtres humains d’avoir un accès régulier de mon quotidien, de ma vie, de mon intimité, et voire de mon psyché. Je n’ai jamais trop su comment cela fonctionnait, mais il n’est pas exagéré de prétendre qu’un prisonnier sous haute surveillance, l’était moins que moi. Cela m’a rendu tréstriste, ayant passé une vie exemplaire afin de ne jamais me trouver entre quatre barreaux.

Et il s’agissait du pire type d’incarcération, puisqu’on ne pouvait même pass’en palindre sans passer pour folle. Je n’avais rien fait pour mériter cela, et on me confisquait injustement ma vie et ma liberté. Ca m’a fichu le cafard, un long moment…

Puis, j’ai du tres vite apprendre, afin de ne pas finir effectivement folle, comme les femmes retenues trop longtemps prisonnières dans des gœles indignes et des conditions portant atteinte à leur humanité, avec des intrusions plus intimes encore pétrifiant leurs chairs, à deserter ma propre vie pour que le profanateur, le voleur, le violeur, l’assassin d’âme, puisse y prendre ses quartiers.

Lui donner l’illusion de sa domination, pour préserver au fond de moi, dans un silence retenu, l’esperance tenace de toute fugitive en latence, celle de retrouver sa liberté. Un espace pour eux qui ont l’obsession pervers de la possession et pratiquent la déshumanisation comme d’autres pratiquent le bridge. Un petit espace pour moi, une chambre à moi dans mon propre esprit, ma propre vie, rien que pour moi. Secrète, opaque et invisible, à l’image de l’être que je suis devenu.

Le 25 novembre 2030

Alors que la période des fêtes approche inexorablement, l’inflation gangrène le pays telle une lèpre purullante et suitante: le mot a gagné tous les écrans, se reverbérant dans toutes les discussions. Les citoyens sont inquiets. Même mes tortionnaires redeviennent des hommes qui mangent, s’habillent et se chauffent.Ils s’interrogent sur l’impact de cette inflation sur mes placards remplis et dans lesquels ils piochent. Le papier toilette a quant à lui une cadence d’utilisation multipliée par deux…L’eau, en particulier chaude, par quatre. Au bout de deux douches, la chaudière est vidée car frauduleusement mutualisée par des appartements mitoyens, complices du crime qui s’opère.

Bruits de pas, placards qui claquent, traces de passages jalonnent désormaisnote quotidien, comme si une horde de parasytes invisibles s’y étaient insidueusement glissé, sans qu’il nous soit cependant permis de les croiser. Ils ont sur nous, oute le fait d’avoir aspiré tous nos droits, la supériorité de pouvoir nous voir, commenter nos faits et gestes, gagner furtivement les espaces de l’appart laissés vides et de s’évaporer lorsque nous les regagnons. La mitoyenneté complice joue en leur faveur.

Sans que je ne puisse jamais savoir pourquoi, certains objets comme la machine à laver (non fonctionnelle) dan sla salle de bain, semble faire l’objet d’âpres discussions stratégiques, inlassablement répétées.

Leur présence étant aussi réelle qu’insaisissable, j’ avais projeté plusieurs scenarii amusants expliquant leur quasi-immatérialité, pourtantbien incarnée

— Scénario 1: Le plus probable serait l’installation en notre absence de micros et nanos caméras dans l’appartement. Pourquoi pas un dédale de trappes entre les murs mitoyens, rendant l’accès plus facile…

— Scénario 2: Une altération de la matière rendrait leur forme éthérée. Et ils pourraient alterer différents états, voire les superposer. Etre ici et là, sans nécéssairement être visible…Qui sait?

— Scénario 3: Ils auraient la capacité de devenir des êtres miniaturisés comme les minipouss de notre enfance, dormant dans des coquilles de noix. Sérieux, qui sait?

Le seul problème avec ce dernier scénario est qu’un dé à coudre devrait leur servir de baquet de bain individuel…..et vu les trombes d’eau qu’ils utilisent, et dont ils nous privent de tout sauf de la facturation finale, ils doivent être sensiblement plus grands.

Au moins deux fois par semaine, lorsqu’ils m’en laissaient l’occasion, je fais couler un bain à mi hauteur, parfumé d’huile essentielle d’eucalyptus et d’ylang-ylang . Je m’y allonge comme dans un lit floral, dont les propriétés liquides me recouvrent peu à peu. Et j’expérimente à travers la pratique régulière de l’apnée, les limites de ma respiration, de ma conscience de cet enfer, de ma propre dissolution dans l’eau. Vaincre la panique, ouvrir les yeux sous l’eau, retenir l’air jusqu’à explosion, ne faire qu’un avec l’élément. Sortir à regret. Il fût un temps où je ne sortais jamais du bain sans m’être laissée aller au plaisir solitaire. Or, il n’y a aujourd’hui plus ni plaisir, ni solitude…

Le 3 décembre 2030

Le réseau met le paquet…Je le vois au nombre de participants au gang-stalking lorsque je fais mes courses. Il va crescendo, et je crains que les autorités n’aient été contactées, manipulées, voire potentiellement corrompues. Le réseau avait prévenu qu’il ne lésinerait pas sur les moyens pour « arroser » un maximum de personnes afin d’assurer leurs arrières, et protéger le présumé violeur pour lequel ils se sont positionné en connaissance de cause.

Car selon leurs règles:

Un viol n’est pas une relation non-consentie, voire une série de relations non-consenties par la victime qui été endormie au GHB afin de n’opposer aucune résistance. Un viol n’a rien à voir avec la fixation obsessionnelle qu’un homme est capable de faire sur une victime, écartant tout sérieux prétendant par la menace et l’intimidation, alors même que la victime le déteste! Un viol n’a rien à voir avec la capacité de corruption d’un harceleur et violeur-multirécidiviste, qui grâce au capital social et financier des mafias communautaires le soutenant, peut acheter la police, la justice, vos parents même s’il le faut, afin de s’assurer une relative paix et accessoirement un accès illimité à votre intimité à votre corps défendant.

Je me sens envahie par une lave bouillante depuis tant d’années à l’approche des fêtes de fin d’année, je ne sais pas trop si c’est lié aux coupes budgétaires et au zèle laicard des communes qui n’investissent plus dans « l’esprit de Noel« , ou si c’est tout simplement la perspective de croiser le présumé violeur entre la dinde et le sapin, mais j’en ai parfois des tremblements d’angoisse ponctués par d’ accès de colère refoulés: 40 ans de ta vie à éviter de rentrer tard le soir, et seule, à porter des pantalons ou robe longue, à ne pas fréquenter n’importe qui, aller n’importe où, se tenir n’importe comment, pour te faire avoir chez toi par une bande de petite frappe?! Et elle est où ta promesse de buter celui qui te toucherait sans ton aval?

J’avais mis un terme définitif à ce supplice en décidant de ne plus aller aux fetes et réunions de famille, si je n’obtenais pas la vérité de ceux qui savaient quelque chose sur ce qui se serait passé. Et ce qui se passait encore dans nos vies démolies, qu’il fallait rafistoler de sourires de convenance à Noel pour « L’esprit de famille« !

Depuis deux noels déjà, je laissais les enfants y aller, et je buvais un verre à la mémoire de mon dernier noel heureux, en compagnie d’une amie très chère qui avait perdu sa lutte contre la maladie. C’est lors de moments de retrouvailles passées chez elle, dans la chaleur de son foyer, grâce à la bienveillance de son accueil et son empathie engagée face au combat que je menais contre l’ Encerclement Systémique en Réseau, que je ressentis pour la dernière fois cet esprit de noel, aujourd’hui disparu.

Le 10 décembre 2030

Je n’ai pas fait grand chose aujourd’hui, et je n’ai pas grand-chose à raconter. J’ai juste eu la conscience aigue et paralysante à un moment de la journée que la préciosité de notre vie, ce qui nous la rend chère face à l’issue implacable qu’est la mort, nous est enlevé. Pas seulement à moi qui suis victime de ce dispositif d’essence satanique, mais aussi des miens, ma famille, celle qui a été façonnée avce amour, chaleur et patience par ma feue ma grand-mère, mon père…toutes ces personnes disparues qui auraient eu la capacité de mettre un terme, non pas au ciblage para-étatique ou à la vindicte de la mafia communautaire…Mais au moins à la participation des miens.

Ce n’est pas un hasard si de leur vivant, ils n’ont jamais osé!

Ceux parmi les miens qui participent à cette ruine de l’ âme, font des voyages en classes affaires, portent des vetements de luxe, conduisent des voitures en intérieur cuir….mais ont surtout l’âme damnée de leur vivant. Ils ont accepté cette zombification, et pensant me sacrifier, m’ont fait tomber en disgrace et dans une forme d’esclavage qui ne dit pas son nom, alors que c’est leur propre tranquilité d ’esprit, leur dignité et leur estime de soi qu’ils ont troqué contre un confort matériel passager.

Cela m’a plongé dans une profonde tristesse dont mes enfants m’ ont extraite, comme toujours. Ils ont toujours une facétie, ou interrogations marrantes qui va me distraire au moment où je me tiens sur le bord glissant de l’abîme. Ce fût Marion cette fois.

(Marion entre dans la cuisine, prend un paquet de biscuit, sort. Puis revient sur ses pas en mode marche-arrière.)

Marion: — Maman, je peuxte poser une question?

Mom: (Interrompant toute activité) Oui vas-y ma chérie, je t’en prie!

Marion: — Pourquoi tu prends des bains tout le temps?

Mom: — Bon déjà, c’est pas « tout le temps », et ce sont des bains recyclés! Je fais la lessive, le ménage, j’en utilise une bonne partie en guise de « chasse deau », je nettoie les serpillère avec celle qui reste…Puisque nos tortionnaires ne nous autorisent pas à avoir de machine à laver fonctionnelle, et qu’il faut bien laver le linge de toute façon, ben je remplis à mi-hauteur la baignoire une à deux fois par semaine. Et puisque je lave pas des vetements propres, ben tant qu’à faire autant que ce soit mon corps de maman éreintée qui profite de la première eau, tiède et claire. Non?

Marion: — Hum, je croyais que tu voulais te transformer en sirène… (Rires)…même si tu chantes comme une casserole.

Mom: — Ouais, ben t’auras au moins hérité d’une de mes caractéristiques (Mom se lève et enlace tendremment sa fille).

Une journée banale qui aurait pû être presque parfaite, dans un autre contexte.

Le 15 décembre 2030

Tiako a essayé de m’appeler à plusieurs reprises. Elle veut aller faire les courses de Noel…elle a évoqué les noels désargentés de notre enfance, où nous avions pourtant l’essentiel: la famille.

La famille….hum! J’aurai du couper les ponts avec cette famille, en 2025 dès mon retour de Kouyala.

C’est pas comme si j’avais pas été prévenu, mais j’avais pris cette fille blanche pour une folle….C’est quoi, son prénom déjà? Béatrice ! Non, c’est pas ça, mais ça s’en approche. Ca me reviendra.

Elle m’avait prévenu, il y’a 5 ans déjà, mais je ne l’avais pas cru….et pourtant! Si j’avais identifié les premiers signes de cet encerclement, au moins dans le premier cercle, celui des gens les plus proches, les choses auraient probablement été différentes, sans certitude pourtant qu’ elles aient été meilleures ou à mon avantage.

L’encerclement systémique en réseau fonctionne comme un immense cheval de Troie, organisé en poupées russes: les communautés environnantes, puis celle dont vous êtes spécifiquement issue, ensuite vos amis et votre famille, et enfin les plus proches parmi les proches seront mandatés pour vous approcher au plus près, et vous trahir.

On peut accepter les destabilisations subtiles de Mme Michu dans les transports, celles de collègues organisés en meute, de voisins dont le comportement change du jour au lendemain,

mais comment faire correspondre la confidente et amie de son enfance, celle dont on a accueilli la naissance avec une joie peut-être plus grande que sa propre mère car enfin, on avait une sœur, avec l’image d’une froide adversaire à la stratégie aussi cruelle qu’impitoyable?

Comment accepter que toutes les fois où elle souriait ironiquement avec ses amis, c’est de moi dont il était, à mon insu, question. En m’offrant un respect de surface sous leurs regards goguenards, elle me détruisait avec dix fois plus de force en sous-marin.

En fait, il faut exiger le respect, ne pas le demander. Si l’injonction n’est pas suivie d’une exécution immédiate, imposer comme limite infranchissable, la rupture définitive. On ampute toujours un membre pourri afin qu’il ne gangrène pas le reste du corps. La douleur est inévitable, mais on peut choisir de ne pas résider dans la souffrance.

Sous des sourires et attentions répétées, Tiako avait en effet été la première de tout mon entourage à utiliser une lexicologie précise, incisive et tranchante comme la lame d’un tueur professionnel, dans des discussions anodines: « torture », « terrorisme domestique », « Neurosciences »…

L’été où l’état fédéral avait adoubé le nouveau président, celui qui modifia la structure même de la constitution, et dont mon ancien patron était proche,

des changements notables s’étaient aussi produits, à une échelle devait être microscopique pour les puissants, dans nos paisibles vies.

Cet été, Tiako s’était imposée avec toute l’indécente suffisance qui la caractérisait dans notre petit lieu de villégiature, avec son staff (deux ou trois dames et messieurs de compagnie, qui exécutaient ses ordres sans discuter). Elle était en mission, en mimant l’esprit de famille avec un naturel surpassant en vraisemblance le naturel.

Elle a introduit un faux souvenir dans l’esprit de mon fils, le soir où il dormit dans sa villa de location, en lui faisant croire que son crane avait été ouvert quand il était enfant. Pure invention dont je ne compris pas immédiatement le sens, mais déjà, je devinai dans son détachement froid, l’exaltation secrète du psychopathe se délectant de l’incompréhension et la souffrance d’ Autrui, sans pouvoir en laisser rien paraitre.

Ce détail du « crâne ouvert », même dans un contexte de manipulation mentale, par sa force évocatrice et la violence de l’image, était un avertissement marquant notre prochain passage d’un monde sûr et stable, vers celui du monde occulte de la cybertorture.

Avait-on été choisis pour le rituel d’une loge obscure, devant être sacrifiés sur l’autel de leur culte infame,

ou encore comme sujet d’expérimentation non-consensuelle, des cobayes humains?

Tiako était en tout cas une chasseuse hors-pair, ayant pris gout à la traque et déroulant des stratégies d’une finesse et d’une créativité redoutable, afin d’ appâter la proie que j’étais devenue.

Habitude, syndrome de Stockholm, reflexe pavlovien ou dépendance affective, peu importe les ressorts utilisés pour garder sa cible sous emprise, elle ne reculait devant aucun stratagème, et aucune alliance….Fût-elle avec des groupes communautaires, connus pour être séculairement négrophobes et misogynes, ce qui ne l’empêchait ni de dormir la nuit, ni de se proclamer féministe, investie dans la lutte contre toutes discriminations. HashtagMeWithYou.

C’était un encerclement de multiples chevaux de Troie, se déployant sans fin, telles de fantomatiques poupées russes à la mécanique impeccable.

Nous étions les victimes.

Au même titre que ma famille, que nos amis, voisins, que notre communauté, que les communautés misogynes et négrophobes imbriquées, que les institutions paralysées par la corruption, et ainsi de suite….Chaque niveau était pris au piège d’un système pervers, le tenant soit par le baton, soit par la carotte.

Je fais aussi partie de ce système: j’ai été betement faire les courses de Noel, et j’ai encore subi les mêmes choses, en essayant pathétiquement de lui faire admettre ces abus. En vain.

Le 16 décembre 2030

J’ai ressassé ma culpabilité toute la nuit, comme une merde macérant au fond de la cuve. Je me suis sentie longtemps aussi perdu qu’un pauvre étron malodorant, avant de comprendre que ce n’était pas ma faute.

Ces phénomènes d’emprise, la relation de dépendance affective qui en découle tout comme le binôme dysfonctionnel victime-bourreau, fait partie de leur système d’ingénierie sociale. Il a été conçu pour atteindre cet objectif, et cette articulation précise.

C’ est d’autant plus vrai que l’une des tactiques du harcélement en réseau, et de son pendant, la cybertorture, est justement de multiplier les pistes tant et si bien que la victime finit par se perdre dans les méandres du doute et des conjonctures.

Or, une personne de pouvoir, ou corrélée au pouvoir comme Tiako, et le plus souvent un groupement d’interêts, qu’il soit ou non officialisé sous forme juridique (du club d’ aquagym à la multinationale, en passant par une mafia organisée) peut déclencher un encerclement en réseau. Ainsi que le niveau supérieur, beaucoup plus invasif, la cybertorture.

De ce que j’ai pu observer en collectant les informations, les témoignages et en recoupant lectures et toutes sources d’informations dans ce domaine, ces commanditaires passent le plus souvent par des officines spécialisées et ultraconfidentielles dont le statut juridique n’aura rien à voir avec leur activité principale: taxis/VTC, milieu médical et administratif, travail social, pompiers, commerçants, ect…Ces « cuisines privées » comme je les appelle peuvent impliquer n’importe qui, au sein de n’importe quel corps de métier, entachant la large majorité de méritants travailleurs qui sentent bien un malaise, mais ignorent dans leur droiture toute professionnelle, la complexité de ce qui se trame:

Des (a)gens « du milieu », ayant accès à moyens humains et matériels habituellement réservés aux employés d’état… ce qui donne l’impression aux victimes d’être asphyxiés par la machine d’état.

Aussi, qu’il s’agisse de groupes de harceleurs spécialisés dans la délinquance furtive et contrat d’élimination sociale, ou bien d’un sport entre initiés consistant à chasser, à persécuter et traquer une victime désignée, qu’il soit question de l’instauration et du quadrillage d’un territoire donné par une armée d’indics, ou encore d’ une forme de coercition, de punition extra judiciaire par des personnes et officines privées, le Harcèlement Criminel en Réseau EST une forme de damnation moderne.

Si on fait le parallèle entre la décomposition d’un corps et celle d’une vie, on a alors une symétrie entre un processus et un protocole, ce dernier étant un ensemble de méthodes et techniques destinées à générer le processus de décomposition d’une vie: sociale, financière, psychologique, physiologique, physique…

Ma culpabilité fait partie de la trame qui tisse l’ensemble. Inutile de leur faciliter la tâche, je dois apprendre à ne plus culpabiliser, et à me soustraire de toute emprise.

Le 24 décembre 2030

Il se passe des trucs étranges…Comme si le réseau qui me harcèle, avait accès à de nouvelles armes technologiques, encore plus furtives que celles répertoriées par le fragile réseau de victimes.

Les enfants sont partis l’avant-veille dans la famille fêter Noel avec leurs cousins. Je prends peut-être des risques mais je ne peux croire que l’état de délitement de nos liens familiaux en soit arrivé au point que nous ne puissions plus veiller sur nos enfants respectifs. Ils sont la seule chance de survie de notre clan et de l’héritage de notre grand-mère : peu importe les clivages communautaires, les guerres intestines ou encerclement global….Nous devons y survivre! Et cela passe par la preservation de la prochaine génération. Tiako le sait-elle? Notre fratrie, notre famille, notre clan…le savent-ils encore?

Je ne les ai pas accompagné. Suivant la promesse que je me suis intérieurement faite: je ne participe plus à aucune fête ou réunion de famille, tant qu’ ils n’auront pas fait des aveux complets, accompagnés d’excuses et de réparations.

Je suis donc restée bosser sur ma prochaine expo….rien d’original, mais l’opportunité de bosser sur un projet concret, en plus de m’occuper l’esprit en l’éloignant de l’accaparante voracité du harcèlement en réseau, me donne l’occasion de retrouver mon identité veritable…Celle que ce processus d’élimination sociale veut effacer.

J’ai été voir une expo, il y’a longtemps…presque 10 ans, elle m’a marqué!

J’ai voulu avec beaucoup moins de moyens techniques, rendre compte de cette expérience particulière à travers mes peintures statiques: comment exprimer le mouvement et l’immersion dans une image statique!

Et c’est à ce moment-là, en mélangeant plusieurs tonalités de rouge, jaune et fauve, dont le camaieu devait donner l’illusion recherchée que j’ai vécu quelque chose dont je ne parlerai jamais ailleurs qu’ici, même si on me prend déjà pour ce que je ne suis pas….Pas la peine de leur donner de quoi alimenter leur campagne de diffamation sur ma prétendue folie.

Je suis absolument certaine de ce que j’ai pu voir, et les quelques verres de vin avalés, n’y changeront rien. Même sobre, j’aurai vu la même chose.

Plusieurs flash furtifs et silencieux ont été pris, dans des angles et positions differentes: Trois à quelques centimètres de mon visage et du sol sur lequel était posé mon matériel, puisque je peins sans chevalet et à même le sol lorsque je démarre une oeuvre.

Plusieurs autres flashs ont été déclenchés en hauteur, comme si un photographe invisible s’était levé pour changer d’angle, lors de brèves prises de vue.

J’étais pétrifiée, je n’avais jamais expérimenté ça. Mon cerveau a eu un temps de réaction plus long qu’à l’habitude, mais j’ai finalement saisi mon portable pour enregistrer, en mode video, cette « anomalie ».

J’ai ensuite entendu des bruits de sol craquant sous un poids invisible, comme si quelqu’un, une masse imperceptible à l’oeil, s’éloignait précautionneusement.

J’ai tout rangé, et je me suis resservi un verre. Celui qui sépare un état sobrement pompette du moment où le moindre mouvement vous demande le double d’efforts et d’attention. J’ai fait le tour de l’appartement en filmant chaque pièce….vide!

Puis, j’ai lancé un film « feeling good », et réchauffé le plat de la veille afin de réveillonner seule, mais en paix. Rien n’expliquait ce que je venais-ou non- de vivre, mais je refusais que cela perturbe ce moment de tête à tête avec moi-même. Je fis une prière fervente et hâtive avant de me poser sur le canapé face à une de ces fictions mettant en scène la féerie perdue des fêtes de fin d’année, et toujours retrouvée avant le générique de fin.

Quand tout à coup, le mur fût comme habité par un ruissèlement interne, invisible, sporadique et à la fluidité crépitante. Au même moment, l’étage supérieur, habituellement silencieux (sauf lorsque la voisine se mettait à gueuler…), fût martelé de lourds pas. Des voix que je n’aurai pas dû entendre, à moins que le ciment séparant les étages se soient transformés en fin papier à cigarette, matérialisèrent.

Ce dernier point est le moins inhabituel, car ce phénomène de voix intracrânienne pour certaines cibles, ou diffusé à faible fréquence dans un environnement proche, comme c’est mon cas, fait partie du protocole habituelle de harcèlement et cybertorture. Je fus donc en quelque sorte soulagée de retrouver un trait caractéristique « régulier » de la torture quotidienne dont je faisais l’objet.

Cela signifiait que tout le reste, même méconnu, était aussi réel : Rien de fantasmagorique dans ces flash pris depuis un appareil invisible, ce déplacement de masse tout aussi invisible…rien n’était le fruit de mon imagination.

Il y’a longtemps que je sais que je suis une artiste sans imagination…je ne fais que transcrire, en le transfigurant à peine, le réel. Aussi flippant soit-il.

Les quelques enregistrements, même non professionnels, que j’ai établissent la tangibilité de mes perceptions, qui restent néanmoins « irrationnelles » pour le quidam, car rien dans la physique moderne, celle qui nous est accessible, ne permet d’expliquer ces phénomènes.

Le 1er janvier 2031

Bérénice! Cette femme à l’aéroport et dans l’avion s’appelait Bérénice…tout le temps fourrée avec une autre nana de type latino, avec deux yeux en forme de cerise toujours curieux de tout….Impossible de me rappeler de son prénom à celle-là, un prénom exotique finissant en A, un prénom qui lui collait comme une seconde peau, peut-être bien Tanya ou Tonya…Ca matche pas exactement avec mon souvenir, mais ça n’a pas d’importance.

C’est Bérénice qui est importante, un mannequin slave avec le QI de Marie Curie, son jargon scientifique était incompréhensible, mais en revanche, j’ai bien compris que ma famille n’était plus, suivant sa théorie réellement ma famille, et le monde que j’avais rejoint n’était plus tout à fait celui depuis lequel nous avions décollé les enfants et moi.

Je l’ai prise pour une folle quand elle m’a sorti ça…Elle avait beau être la personne qui venait de sauver la vie de l’écervelée Marion qui avait manqué de chuter dans le vide, en suivant un ballon peut-être plus doué de raison qu’elle sur le moment…je ne la lui aurais pas confiée pour autant, tant ce que me racontait « Barbie à Kouyala » n’avait, alors, aucun sens.

Pourquoi ma famille m’aurait-elle voulu du mal? Avais-je alors naïvement pensé à l’époque.

Comment la Caballe qui s’était organisée contre moi, avait pu impliquer autant de monde, y compris les pères des enfants avec lesquels j’avais des rapports très chaleureux avant tout ça…Idem pour les collègues et amis? La police et la justice…?! Jusqu’aux hopitaux!!!

Comment cela pouvait être possible alors que nous quittions Kouyala où ce genre d’associations de malfaiteurs même dans un contexte de corruption endémique, n’était pas aussi facilement possible que cela l’était aujourd’hui à Odysséa? Je pensais à l’époque qu’à Odysséa, dont la capitale ne s’appelait pas « Pax » pour rien, cette situation était complétement improbable,: l’état de droit et le respect des droits individuels y étaient sacrés.

Et pourtant, me voici 5 à 6 ans plus tard, en train de faire l’amer constat d’une prémonition avérée, et de regretter de n’avoir pas demandé davantage d’explications, d’aide, de conseils pour sortir de cet enfer.

Vous avez enterré la même année votre père et votre grand-mère. Quelle probablilité pour que cela arrive ? Vous êtes encore me semble t-il en état de sidération, c’est normal. Mais remettez-vous vite…je veux dire, ne restez pas trop dans cet état émotionel de prostration, car c’est sur cette passivité apparente que compte votre entourage, oui, l’ensemble de vos proches pour détourner ce qui vous revient de droit, et vous aurait mis à l’abri pour le restant de vos jours.

Je me souviens lui avoir affirmé que mon père n’avait rien laissé à part quelques terrains sans importance, et que notre famille était trop soudée pour se battre pour ces petites parcelles. Nous venions en effet de terminer les rites funéraires traditionnelles, dans un climat d’union et de cohésion familial tout à fait harmonieux; nous n’avions que très rarement expérimenté une si grande proximité. Mais elle avait lourdement insisté, tenant absolument à me mettre en garde:

Je vous en prie: ecoutez-moi…S’il vous plait? Si vous ne le faites pas pour vous, faites-le pour eux (désignant mes 3 enfants)…C’est votre devoir de mère de les protéger. Une lourde menace pèse sur vous, et elle a éloigné de vous vos deux protecteurs. A présent qu’ils sont morts, votre famille vous fera la plus grande misère: ils vont vous détruire. Pas seulement pour l’argent, pas seulement pour les biens, ou encore votre parcours artistique. Mais parce que vous êtes tout ce qu’ils détestent, et en dépit des liens de sang, vous n’êtes pas des leurs. Vous n’êtes plus des leurs, en tout cas, ils ne vous reconnaissent plus comme une des leurs. Je ne peux malheureusement pas vous en dire plus…sans vous mettre en danger. Celle avec qui vos proches ont grandi, celle qu’ils ont élevé…..n’est plus la même personne que celle que vous êtes aujourd’hui,. Je sais, c’est compliqué et ça doit ne vouloir absolument rien dire pour vous, mais un jour, je vous le promets, tout fera sens. N’avez-vous rien remarqué depuis que l’avion a fait demi-tour et s’est à nouveau posé sur Kouyala? Est-ce que tout vous a semblé normal? Ecoutez…..retenez juste ceci: Vos protecteurs morts, plus rien ne les empêche de se débarrasser de vous , à présent.

Ses propos m’avaient interloqué. Non, parce qu’elle m’avait alors saisi la main dans un geste autoritaire, visant à me sortir de la geôle de naive confiance dans laquelle je m’étais dangereusement enfermée, incapable de remettre en cause l’idée confortable d’une famille aimante et d’affronter la réalité, malgré la persistante impression de malaise que je ressentais…en effet depuis que l’avion avait dévié de sa trajectoire initiale. Son discours m’avait interloqué par sa justesse et sa tranchante pertinence.

Je n’avais plus eu l’impression d’avoir affaire à ma mère, à mes tantes, à mes frères et soeurs. Tout avait changé, jusque leur diction, leur façon de rire et de parler. Ils chuchotaient à présent en aparté en utilisant un vocable superstitieux que je ne leur connaissais guère…le rire d’une de mes tantes était devenu un chant lugubre, rire forcé qui s’élevait comme une menace diabolique au dessus de nous. Tous partageaient ce rire à présent. Car l’échantillon que je vis à Kouyala fût multiplié par 100, par 1000, peut-être même 10000- on s’adapte si vite à la misère- lorsque nous revinmes à Odysséa.

Toutes les prédictions de la belle Bérénice se sont averées exactes. Je n’ai plus un seul ami, ni de boulot. Je survis grace à la charité publique en louant chaque jour l’équité du système social d’Odysséa, et parfois, quelques commandes …même si ma propriété intellectuelle est régulièrement pillée. Et que j’ai la triste impression que ces commandes entretiennent un système informel de spoliation systémique, visant à me décourager et entrainer encore plus vite mon effondrement, tout en nourrissant un système souterrain de fraudes.

J’aurai surtout aimé demandé pourquoi, et comment tout avait été bouleversé précisément à ce moment, comme si nous avions glissé dans une dimension parrallèle , lors de cet Aller avorté entre Kouyala et Odysséa, durant lequel nous avons dû rebroussé chemin après un évident problème technique. J’ai tellement remercié le ciel lors de notre atterissage, moi qui pensais rejoindre prématurément mes aieux avec mes 3 enfants…mais quelle vie nous avait été rendue? Elle ne fût plus JAMAIS la même, comme si elle avait explosé en plein vol dans une déflagration l’éparpillant dans tous les sens.

Et si j’avais été moins entêtée, moins attachée à mes idéaux, si j’avais fait immédiatement le deuil de ma famille avec toutefois le soulagement de les savoir toujours en vie, si seulement j’avais accepté les vérités dites par Bérénice ce jour là, peu avant notre deuxième vol, je m’en serai peut-être bien mieux sortie qu’aujourd’hui, esseulée, ostracisée, paupérisée et acculée. Constamment trahie.

Le 1er février 2031

J’ai assisté à un spectacle de danse gratuit avec les petits, donné par le centre culturel du coin, dont la programmation malgré le manque de moyen, reste de grande qualité.
C’est étrange : j’ai essayé de proposer mes compétences pour des ateliers d’initiation à la peinture, même en bénévolat, histoire de revaloriser mon CV….Je n’ai pas eu de retour. Meme avec une peste bubonique, j’aurai rencontré plus de succès auprès de mes pairs qu’avec cet encerclement criminel en reseau, dont je suis pourtant victime. Je suis comme… comme si j’étais frappée d’illégitimité. A quoi m’ont servi ces années d’étude aux beaux-arts? A rien! J’aurai dû m’enfiler des joints en survolant le kamasutra, au lieu de m’enfermer dans une posture stérile de studieuse vestale dont je ne tire aujourd’hui aucun avantage.

Car je suis devenue dans mon propre pays une citoyenne de non-droit et cette situation de déni de droit, d’éviction sociale et de rejet me rappelle étrangement la condition d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont eu à porter une insigne distinctive avant …le pire!
En allant faire mes courses dans un centre commercial aux allures de décor cinématographique pour théatre de rue-niveau débutant, j’ai entendu un type sortir assez haut pour que je reçoive bien le message:  » C’est pas non plus Claire Severac!« 
Claire Severac, lançeuse d’alerte, décédée brutalement dans des circonstances troubles.
Je n’avais en effet rien de commun avec elle, si ce n’est le danger latent, permanent menaçant de s’abattre avec une inattendu violence sur nos vies.

Le spectacle allait commencer.

Alors que mes enfants etaient assis aux côtés d’autres enfants, petit ilot isolé de têtes crépues et bouclés, au milieu d’un océan d’autres enfants ne s’approchant pas d’eux, j’ai compris l’urgence qu’il y avait à trouver le plus vite possible, une solution assurant leur sécurité.
Un tableau apparut sur l’estrade: le dessin grandeur nature, et hachuré de deux hommes et une femme assis sur un canapé devant un écran de télévision, rappelait malgré la modernité de leur mise, le courant fauviste. Un triangle amoureux: les deux hommes semblaient figés dans une éternelle lutte, et la jeune femme, prise dans une cruelle indécision.
Un son afro-beat, entrecoupé d’ house-trip sous fond de musique classique, une création de la compagnie de danse se produisant, retentit, accompagnant chacune de ses pulsations par l’animation progressive des personnages vibrant sur scène. Celle-ci prenait vie dans un break-dance vintage aux mouvements saccadés, qui révélait tel un succédané de prise de vue, chacun des vifs coups de pinceau de ce tableau vivant.
Mes enfants étaient subjugués….cela valait la peine d’être exposés au rejet pour rencontrer la beauté. J’étais quant à moi, particulièrement inspirée par cette performance qui débloquait une partie de ma créativité, aussi prisonnière que moi du réseau qui m’exploitait dans tous les sens du terme. « Le principe de l’esclavage est de tirer bénéfice de l’existence d’Autrui en l’asservissant physiquement, moralement, intellectuellement et économiquement ». Ni les membres de ma famille y participant, ni les communautés impliquées dans cet infame commerce , ni même les institutions, les représentants étatiques parfaitement au courant de cette réalité, ne pouvaient assumer publiquement la violence qui nous était infligé. Et pourtant nul ne pouvait l’ignorer. « Qui ne dit rien consent. »
Si j’avais une solution à proposer à cette jeune femme sur scène, représentée par une talentueuse danseuse aux incroyables capacités de contorsions , ça serait une valise. L’objet s’est imposé à moi dans ce décor de salon, avec la même évidence qu’une télé ou une table basse. Elle semblait aussi prisonnière de cette danse macabre et infernale que je l’étais moi-aussi de ma propre vie confisquée par des tiers.
Oui, si je devais résumer ma vie à un seule objet, ça serait une valise.
Comme la « valise-à-problème », ou plutôt la mallette-à-problème que les personnes en situation irrégulière ou précaire, trainent d’administrations en prefectures, et qui contiennent leurs espoirs comme leurs frustrations. Chaque papiers ou formulaires est un nouvel espoir ou une cruelle désillusion. Leurs proches, mieux intégrés, en leur demandant comment ils vont ou comment avançent leurs dossiers, ont toujours peur qu’ils prennent la question au sérieux et répondent en ouvrant large la mallette de Pandore.
Ou encore la valise en contreplaqué d’une chanteuse à succès des années 80, ou mieux, la valise mettant en exergue le comique de situation du livre d’un célèbre auteur disparu, véhicule narratif supposé nous ramener à une condition initiale, dans mon cas…peut-être celle d’être humain, lorsque mes enfants et moi avions encore droit à des échanges et interactions dignes!
Partir!
L’idée s’était rarement imposé à moi , comme évidente solution, par association d’idées, avec une telle clarté.
Oui, mais alors, où,
Et comment? »

Le 5 février 2031

L’école de Wely a organisé la fête de Noel aujourd’hui, dans le gymnase qui la jouxte. Février, c’est un peu tard quand même.

Je m’étais habituée, ces dernieres années à l’usage laique suivant lequel Noel, devenant une fête non religieuse et purement commerciale, devait être fêté le mois suivant l’ancienne date de noel, afin qu’il n’y ait aucune connotation chrétienne dans cette célébration nationale. Bien que la nativité, si tant est qu’elle ait existé, se soit déroulée dans les faits historiques en début, plutôt qu’ en fin d’année, tous semblaient persuadés en avoir définitivement terminé avec l’ épineuse question de la laicité. Du moins du point de vue chrétien: la plupart des fêtes communales, dans les mairies, les écoles, les lieux publics, les bureaux et administrations avaient ainsi lieu en janvier, à la suite du traditionnel jour de l’an.

Mais quand même février, c’était limite….Ca sentait la fête improvisée, montée à la va-vite, comme un ultime pied-de-nez atrophié, aux coupes budgétaires allant bon train.

Marion et moi, Ethan n’ayant pas voulu venir, en fûmes définitivement convaincus lorsqu’on vit débouler un homme à l’aspect hagard, vêtu en rouge, une perruque rêche aux tons blanchatres, verdatres sous les néons, rabattue à la hâte sur sa tête et maintenue, de travers, sous un vieux bonnêt plus rapé que rouge. Marion me jeta un regard entendu…

Les enfants se précipitaient habituellement sur le père noel….mais etait-ce le père Noel? Nous avions affaire au « père No-No », personne ne le connaissait ou ne le reconnaissait sous son masque (indispensable en raison d’une enième pandémie) et ses opaques lunettes noires, interdissant tout contact visuel.

Il donnait davantage l’impression d’avoir fait une pause entre deux braquages avec sa hotte pleine, que d’avoir vidé un quelconque rayon de jouet.

Tu vas voir le père No…

Non, hurla Wely en s’agrippant à moi, tandis que Marion, mauvaise et hilare essyait de la soustraire de cette étreinte.

Les autres enfants montraient tout aussi peu d’enthousiasme, et restaient en retrait, espérant peut-être qu’il s’agisse, comme dans les concerts d’une première partie ratée, et qu’un tonitrant « ho-ho-ho » retentirait tôt ou tard.

J’étais sincèrement peinée pour Wely, qui à 9 ans , faisait encore semblant de croire au père Noel afin d’optimiser ses chances de recevoir une double ration de cadeaux, et était ramenée à la plate et morne réalité de l’existence par le père Nono.

Comme si la journée ne pouvait s’enfoncer encore davantage dans la farce tragico-comique, voilà que je recevais un coup de fil de mon pseudo-éditeur: Mes droits sur un livre qu’il m’avait commandé, avaient été volés. C’était un livre de reproductions « décalées » de peintures célèbres, que je n’avais même pas voulu faire au départ, ne cédant finalement qu’à sa pressante insistance: « parce que tu vois, c’est dans la vibe du moment…tu comprends, c’est ce que les gens demandent. Fais ce qu’ils te demandent, même s’ il s’agit de recouvrir Gabrielle d’Estrée et sa sœur d’un pudique Wax hollandais, et les parer d’un afro synthétique! FAIS CE QUI SE VEND…Tu élèves seule 3 enfants. Allons, sois raisonnable. »

Ces droits avaient été volés par une société récemment immatriculée à l’étranger, qui n’était en fait qu’une des nombreuses émanations du réseau tentaculaire de harceleurs, impliquant des membres de mon entourage, des mafias communautaires et un fratras d’institutionnels corrompus. Le pseudo-editeur avait trouvé un alinéa en police 5, perdu quelque part dans le contrat complétement abcons nous liant, qui lui avait permis de se défaire de ses resonsabilité. J’avais été en fait le dindon de la farce, la dinde de Noel: de l’esclavage moderne, pur et simple, depuis le départ car il y’a fort à parier que l’éditeur et le réseau s’étaient mis d’accord, bien en amont, sur le procédé.

Je regardais mes filles tapant des mains sur les chants laiques de Noel autorisés, ces habituelles soupes commerciales auto-tunées, qui entraient littéralement dans une oreille pour en sortir par l’autre, oubliée aussitôt après écoute, dignes produits d’ une époque qui avait érigé le consumérisme vide de sens ,en valeur cardinale.

j’étais lourdement blacklistée, et je n’étais même plus autorisée à travailler d’une quelconque façon que ce soit. La prochaine étape m’apparut avec une rare acuité: même ce que nous étions en train de vivre, ce mauvais spectacle improvisé dans un gymnase suroccupé, transformépour l’occasion en salle de spectacle, en pleine zone périurbaine…..même ça, ils allaieent nous l’ôter car ils ne supportaient tout simplement pas que je vive, que je ris, que j’existe!

Quelque jours plus tôt, coincidence ou tentation, j’avais été contactée par un service d’assurance, dont le courtier avait précisé sans que je ne lui demande quoi que ce soit, que les assurances-vies couvraient aussi les suicides! Une précision spontannée qui avait des airs d’invitations doucereuses auxquelles je pensais ne jamais succomber.

Et pourtant! Si je ne pouvais avoir la vie que je méritais, à défaut de celle que je souhaitais, j’allais choisir ma mort, les conditions de ma mort, le montant de l’assurance-vie et j’allais m’assurer qu’elle soit effectivement distribuée équitablement à mes 3 enfants.

Partir! Je savais à présent où. Restait en suspens, la question du « Comment » ?

Le 7 février 2031

J’ai pas perdu de temps aussitôt ma décision prise, j’ai commencé à tripafouillé internet. Il y’ avait bien un coup à prendre pour le darknet, un peu comme une plongée en apnée. On va pas bien loin quand on s’y connait pas. C’est pas tout à fait foutu de la même façon que sur la terre ferme de l’internet bien propret , mais bon, même moi qui me noit habituellement dans une cuillérée d’eau-cuillère à café- j’ ai quand même réussi à y faire, cahin-caha, mon petit bonhomme de chemin au point d’échanger avec quelques « prestataires sérieux et expérimentés ».

Je préférerai en effet que le travail soit accompli à peu prés correctement, plutôt que baclé par un goret de six semaines, pressé d’empocher le fric pendant que moi j’agonise dans une éternité sanglante plus longue que la vie elle-même!

J’ai également vérifié auprès de cinq interlocuteurs différents, dont le directeur d’agence, la procédure d’attribution des assurances-vie, et j’ai fait consigné les quelques croutes potables qu’il me reste auprès d’un huissier, afin de m’assurer de la juste répartition de ce maigre patrimoine entre mes trois ayant-droits.

J’hésite toujours à ajouter la toile sur laquelle je suis en train de bosser dans le lot, puisqu’elle est prévue pour l’exposition. Je vais peut-être la consigner, l’exposer et l’ajouter ensuite au lot revenant aux enfants. C’est une oeuvre verticale dont les tonalités sombres, tirent vers le bleu éteint d’une eau saumâtre. Curieusement baptisée « Underground Railroad » alors que ses lignes dynamiques dans un espace clos en soulignent l’enfermement, elle en scène à sa manière un peu heurtée la dialectique de l’esclavage. Une problématique qui ressurgit à chaque injustice notoire, avec sa cohorte d’ombres émaciées émergeant des cales d’un bateau dans une douleur transmuée par certains en épine utilitaire.

Mes vains coups de pinceaux essaient de rendre compte de l’incompréhension entre deux peuples frères, désormais scindés en deux camps opposés: Ceux qui ont été vendus et ceux qui sont restés.

Le premier camp accuse le second de les avoir vendu sans même avoir su s’enrichir, contrairement aux autres continents qui sont passés grâce au commerce infâme du sang, de la sueur et du coton, du moyen-âge boueux à une prospère ère industrielle. Le second camp rejette l’accusation….qu’aurait-il pu faire face à une telle domination militaire? (Ce qui, admettons-le, est encore vrai aujourd’hui).

Sur la toile tendue, un troisième groupe, composé d’une cohorte d’hommes enchainés, fait un pas lourd et groupé vers l’avant. Leurs visages anonymes, tatoués des codes-barres de la traite, se détachent , un à un, de l’obscur confinement de l’oubli.

Le second camp ne l’énonce jamais, sauf lors de diatribes assassines, fratricides, dont l’insulte par effet boomerang retombe immanquablement sur lui….mais….ce camp-là n’a jamais connu les chaînes. C’est vrai, on y nait libre de père en fils.

Il en a l’illusion. Il pense appartenir au bon groupe, ceux qui sont restés, et s’en enorgueillit secrètement. Ce sont pourtant les plus solides, parmi leurs ancêtres communs, qui ont été vendus, pendant 400 ans, 1300 ans, au delà même! Les hommes les plus résistants, vigoureux. Les femmes les plus fécondes, à la beauté épanouie. Tous fauchés dans leur jeunesse. C’ est l’avenir commun de ces deux camps qui a été arraché, dans une insoutenable hémorragie humaine, des siècles durant!

Ceux qui auraient du batir leur continent, et leurs propres vies libres au sein de ce continent, ont été effacés de la lignée de leurs ancêtres pour le sucre, le coton et l’indigo. Sur la toile, le groupe d’hommes enchainés avance à nouveau, éclairant dans sa marche lente et décidée les innombrables rangs en arrière plan.

Mais pas si vite! Le premier groupe, celui des afrodescendants, ne veut pas être réduit à cette seule période de leur histoire: ils sont coolie d’Inde, chinois, indien Arawak, Navajo, Cherrokee. Ils n’ont pas eu d’autres choix qu’être aussi irlandais, écossais, portugais, girondins, nantais. Ils sont d’ici et d’ailleurs. Pourquoi porteraient-ils exclusivement cet héritage là?

Le groupe d’hommes enchainés se figent attentifs, se rétractant dans la pénombre. Le premier groupe poursuit: De ce mélange est née leur culture plurielle, depuis le bayou du sud des Etats-unis au créole antillais en passant par le merengue sud-américain. Ils sont résilience.

Les trois groupes d’hommes, de femmes noires, du bleu-ébène au jaune-papaye, se regardent mais ne se voient pas, mésunis, disparates, condamnés par l’oppresseur , tricotant hors cadre l’histoire qui lui sied et l’imposant comme vérité unique, à ignorer leur longue épopée collective d’ainés de l’humanité.

Je sais pas pourquoi j’ai appelé cette peinture à l’huile « Underground railroad« , là où l’impasse est évidente. Peut-être parce que la liberté ne se conçoit vraiment, comme le disait la plus célèbre passeuse, Hariett Tubman, cette reine noire de l’évasion, que lorsqu’on a conscience de n’être pas libre!

Le 10 février 2031

Je suis toujours à la recherche de mon prestataire de services. J’en ai trouvé quelques uns, assez intéressants au niveau du rapport qualité-prix mais aucun ne m’a jusqu’ici apporté la certitude que j’attends pour franchir le pas. J’espère ne pas rechercher ainsi une inconsciente échappatoire, en opposant à chaque interlocuteur ce haut niveau d’exigence. C’est pas non plus comme si la mention « satisfait ou remboursée » s’appliquait à ce type de prestations, ou que je pouvais exiger un avoir de l’au-delà.

Le réseau quant à lui progresse dans sa caballe insensée. J’en ai à present identifié 4, mais il y’en a certainement infiniment plus, dans une quantité infinitésimale de groupuscules s’agrégeant en cellules organisées au gré des opportuinités que representent les personnes cibleés.

Les motivations, beaucoup plus que les profils socio-culturels, les distinguent les uns des autres:

Vous avez les motivations crapuleuses, de reseaux intermédiaires , reunis autour d’une même origine ethnique ou sensibilité religieuse le plus souvent, qui vont delester une personne ciblée, donc officieusement et illegalement privées de ses droits constitutionnels, de son patrimoine, de ses biens, de ses droits….au profit de tierce personnes qui auront payé pour les avoir.

Je viens par exemple d’avoir un nouvel appartement, et je termine une commande de tableaux…soyez certains que ces « fourmis travailleuses »- car il s’agit pour eux d’un vrai travail accompli avec ferveur- ont déjà trouvé acquéreur pour mes tableaux dont ils voleront la maternité en soudoyant probablement l’huissier et/ou le notaire,

tout comme ils se sont débrouillés entre polisse-palais d’injustice-travailleurs asociaux et j’en passe, pour récuperer l’ensemble de mes droits dont je ne suis que la femme de paille, ou épouvantail….un simple prête-nom juridique. Leur noble fonction sociale consiste à parasiter la vie d’Autrui, ce dont ils ont cyniquement tiré un modèle économique, implacablement mis en oeuvre par leur chaine de non-valeur!

Autre motivation, pour un autre groupe: l’ennui! Le terrible et abyssal ennui d’hommes et de femmes qui ont tout: argent, puissance, pouvoir, relation, succès….La liste est interminable, mais il y manque l’essentiel : Le besoin et le désir. Ils n’ont plus besoin de rien et ne désirent plus rien. Les deux forces motrices de l’existence ont deserté leurs paradis aseptisés où tout est disponible à foison, tout leur est possible, tout leur est permis et où le tout dans sa suffocante plénitude acquiert les surprenantes et plates propriétés du rien.

La seule façon pour eux de tromper le désarroi qu’engendre cet ennui, est le vice ultime et démiurgique de torturer les mortels, à la façon d’un dieu comme le fût jadis Neron qui avait déjà gouté à tous les vices ( comme coucher avec sa mère, aussi tarée que lui, puis lui donner la mort, ce qui surpasse de loin la vie qu’elle lui avait donné), et régentait despotiquement, dans une décadence frolant le sublime et une totale inversion de valeurs, la vie de ses pairs.

Les crimes dont sont capables ces gens qui n’ont pas appris à gerer l’ennui, et rester tranquille » au repos dans une chambre », mon esprit limité ne peut, et ne veut, même pas les imaginer.

Mais je sais, par exemple, que la généralisation d’internet, et notamment la fibre optique, leur permet dorénavant de tout voir, à tout instant, tout le monde. Le voyeurisme occulte et inversé leur offre de nouvelles possibilités. Ce « tout » dont ils s’étaient rassasié , et dont les frontières volent enfin en éclat, devient aussi expansible que l’univers…un tout, libéré de toute éthique dans un entresoi blindé, et autorisé à dépeupler.

Le manque, l’envie, le besoin et le désir sont de retour!

Enfin, il y’a la motivation de la survie, pour ceux qui n’appartiennent à aucun des deux autres groupes identifiés: Quitte à devenir leurs poupées de chiffon, objets de leurs infames commerces ou vicieux, degueulasses fantasmes, il s’agit de survivre et ce groupe est prêt à tout pour survivre. Faut-il livrer son propre enfant, sa soeur, son frère, son voisin, amie, collègue, sa femme ? Qu’importe, ce n’est pas soi!

Partouzer avec une meute de chiens enragés, avaler le caca d’un diarrhéique au teint grisé par la maladie, ôter les organes sains d’un bel et innocent enfant albinos?

Tant que leurs vies, castrées, vidées de sens et de valeur, rabougries aux seuls besoins primaires sont preservées, ces morts-vivants sont prêts à tout offrir, ce tout dont les autres groupes sont tant friands par vice ou cupidité.

J’ai identifié un quatrième groupe, j’y reviendrai. Mais pas aujourd’hui. Je dois trouver mon prestataire, et rapidement, si je ne veux pas servir d’éternelle monnaie d’échange à ces démons déchainés.

Mais grosso-merdo, sans trop entrer dans de scabreux détails, tant qu’il n’y aura pas une volonté POLITIQUE de lutter contre la logique de reseau qui fait partie intégrante du crime aujourd’hui, et ce sont des reseaux puissants, il y’aura toujours des vies ainsi volées.

Ces reseaux ciblent et passent des commandes comme au MacDo auprès d’hommes de mains afin d’assouvir leurs fantasmes obscènes et inhumains, liées à leur nature de monstres ou à ces sacrifices rituels si chers à certaines sociétés…secrètes. Cessons de nous voiler la face !!

Ce sont des logiques de reseaux : on est pas dans l’anedoctique mais la structuration d’un crime de plus grande envergure couvert par une honteuse omerta.

Cette omerta s’explique: les rares fois où un tel reseau a été démantelé, il comprenait des hommes occupants des postes importants et strategiques, permettant cette omerta.

Un peu plus tard

Un peuple éduqué, voisin du mien dit qu’on ne dure pas dans mauvais rêve! Je reve de me réveiller du songe égaré de la meute enragée, qui a fait de moi , à mon corps déféndant, son esclave traquée.

Dans ce domaine, ils ont de la pratique….Contactés par de nébuleux commanditaires dont je n’aurai jamais ni l’identité, ni les motivations, ces pleutres qui avancent et reculent suivant la ligne de défense que je leur oppose, et leur logique pleine de hardiesse « Fort avec les faibles, faibles avec les puissants » , manient la manipulation avec un art consumé.

Ils savent comment épouvanter une materfamilias, qui cache derrière son empressement à leur obeir, la haine si secrète qu’elle porte, sans se l’avouer, à sa propre enfant, alternativement detestée, jalousée et méprisée.

La femme sait qu’en cas de désobeissance aux directives visant à peaupériser, isoler et piéger la cible, elle sera elle-même punie. Mais ce qui l’effraie n’est pas tant une punition à laquelle elle ne s’expose pas, mais l’arrêt de tous les avantages dont elle a pu jusqu’ici tirer profit pour elle-même, au détriment de son propre enfant.

Ils savent comment tirer profit de la rivalité secrète gangrenant sournoisement une fratrie, comment habilement détourner l’attention d’un amant ou amoureux de la cible en l’orientant vers une autre femme, dont les particularités, des attraits aux défauts seront minutieusement calqués sur la cible.

Ils savent effrayer un potentiel recruteur, et lui refiler un profil incompétent en guise de compensation. Ils savent faire le vide parmi les amis, proches, entourage social trés élargie de la cible ,en usant de calomnie, diffamation et au besoin de sordides photos-montages qu’ils auront eux-même mis en scène, auxquels ils auront dans une débauche quasi-pornographique eux-même participé. Ils ne sont pas à un mensonge prés.

Ces esclavagistes réalisent le rêve de leur aieux: voir perdurer le lucratif commerce auquel ils avaient du renoncer non sans regret, fantasme nostalgique de toute-puissance transmis de génération en génération.

Au voyeurisme libidineux du Remote Neural Monitoring, s’ajoute l’ivresse démiurgique de pouvoir déshumaniser à l’excès une femme, qui a en plus poussé l’audace jusqu’à naitre noire comme une nuit sans étoile, en lui imposant leurs déviances les plus perverses:

– l’homme avec lequel l’accoupler et la croiser contre son gré, dans des situations aussi humiliantes qu’un droit de cuisage incestueux

– la fonction sociale , de préférence inférieure, qu’elle devra occuper dans la société. Ne jamais laisser retravailler, s’élever socialement. D’ailleurs le fruit son travail, quelque soit le labeur, est le leur….si elle peint, c’est leur propriété. Si elle publie, c’est leur propriété. Si d’une manière ou d’une autre, elle thésaurise une quelconque somme issue d’on-ne-sait quelle ressource, c’est toujours à eux!

– le lieu, de préférence sordide, où elle doit résider. Rien de confortable, de digne ou de décent. Un foyer insalubre, infesté de punaises serait l’idéal.

– ce qu’elle doit manger, ne pas manger, comment elle doit prier, comment elle doit se tenir, s’habiller, se coiffer, ne pas se maquiller, ne SURTOUT pas danser, pas de musique non plus, pas de joie….NE JAMAIS SE REJOUIR, ou montrer un quelconque contentement, par essence vaniteux.

– La matraquer non-stop d’étourdissantes insultes, menaces, intimidations qui sifflent comme des raclées à ses oreilles. Si elle ne réagit plus, s’en prendre à son enfant, la plus jeune…son esprit est si malléable qu’elle répète des phrases entières d’adultes, des phrases qui terrorisent la cible car elle en connait la provenance et elle craint plus pour la vie de son enfant, que pour la sienne!

Ils vendent parfois la cible, comme leurs aieux vendaient jadis ses ancêtres indirectes sur les comptoir de Zanzibar ou les étals d’Ouidah. Ne pas oublier de marchander….Deux pour le prix d’une …..ils peuvent vendre la mère et la plus jeune, comme cobayes à telles firmes à des fins d’expérimentations médicales, puis les séparer une fois l’enfant sevrée pour d’autres marchés secondaires, encore plus glauques et occultes….Qui ne les concerne pas. Ces trucs de dépravés, d’illuminés, ce sont les commanditaires qui en sont friands.

STOP!

Le temps presse, je dois trouver sortir de ce cauchemar qui étrangle ma vie: je ne leur servirai pas de monnaie d’échange.

11 février 2031

La particularité que j’ai en tant que personne ciblée, est qu’en bonne transfuge de classe , je connais chacun des groupes sociaux qui me harcèlent,
et comment ces mafias ont coloré le paysage politique , avec l’efficacité d’un insidueux poison à la redoutable efficacité.

Nous n’avons même pas eu le temps de nous installer avec un bail régulier à mon seul nom, que les mafias communautaires affiliées à mon encerclement systémique en réseau, ont organisé des réunions informelles réunissant parents, d’élèves, voisinages, riverains et élus locaux (en les menaçant de la probabilité d’ un attentat , en donnant de fausses informations me concernant, ou encore en anticipant la descente d’extraterrestres…)…

Ils ont exercé des pressions sur eux jusqu’à recueillir un assentiment à 80%, dans ces assemblées participatives qui n’ont aucune valeur légale et détournent le vrai pouvoir du peuple, pour ces faits discriminatoires (Cette partie du monde a TOUJOURS été un peu collabo!)

La récupération idéologique et l’inversion de valeurs n’ont jamais été aussi fréquentes qu’en ces temps mauvais….

Pendant ce temps, ces tortionnaires ou prestataires de services n’ont pas cessé de me harceler (armes à énergie dirigée grillant ma peau, mes enfants, mes plantes, faux et usage de faux, usurpation d’identité, fausses factures….).

Pour revenir aux spoliations dont je fais l’objet, il y’a un au centre un V.I.O.L que tous veulent cacher, en me faisant passer pour menteuse, affabulatrice, mythomane, voire prostituée, bref en me décrédibilisant afin d’impliquer un maximum de personnes dans leurs entreprises criminelles.

Petit quizz?

Qui impliquer dans le cadre d’une telle opération de censure d’une victime de V.I.O.L? Pourquoi pas une militante féministe racisée?

Concernant mon droit de garde (de l’enfant issue du v***….On va corser les questions, sinon, c’est trop facile), qui impliquer pour neutraliser tout éventuel dépôt de plainte, doublé d’un test ADN ?….Hum, pourquoi pas des représentants de l’éducation nationale et des travailleurs sociaux? Qui remettrait en cause la sacralité de leur parole conjointe?

Une petite dernière, dont je vous laisse trouver la réponse: Et en ce qui concerne le toit que j’ai au-dessus de la tête, et les livres que j’ai écrit? Ce sont des droits inaliénables, normalement? Qui impliquer pour les outrepasser?

Car leur modèle économique s’accompagne aussi d’autres spoliations, à travers de fausses Hospitalisations aux urgences (reposant donc sur une usurpation d’identité car au moment où quelqu’un s’y présente en prétendant être moi, je suis chez moi, et je n’ai pas une seconde à moi avec tout ce qu’il y’a à faire pour élever seule 3 enfants, en essayant de garder la tête hors de l’eau….et j’aurai préféré que ce clone ou sosie, de dévoue pour une heure de lessive/repassage, par exemple!)

ils veulent aussi récupérer d’autres droits:

– Mon APPARTEMENT (il parait qu’ils ont déjà une famille migrante sur le coup…ca ratisse large: Asie du Sud-Est, Europe de l’est, ect…)!

– Mes LIVRES (Tiako serait dans le coup et aurait promis à chacun , sauf à moi puisqu’elle n’a pas mon accord, un intéressement sur la vente des droits de mon propre bouquin!)

Le réseau de mafieux communautaires aurait même fait de fausses factures avec mon ancienne adresse,
(la locataire en titre l’ayant mis à notre disposition- m’a rappelé jusqu’à 2 fois dans un échanges que j’ai écrit mes livres dans son appartement….And so what?! Serait-ce une mise en garde officieuse dans un contexte trouble? une nouvelle tentative de destabilisation?)

Le logo de mon association aurait même été utilisée par ces petites frappes se revant baron de la fraude, sur des territoires volontairement abandonnées par l’état comme territoire d’experimentations du chaos (sans chaos, pas de solution innovante à proposer!)

Ces réseaux sont néanmoins dangereux…le genre à associer crimes crapuleux, dimension occulte et exploitation indigne de la misère. Ils ne reculent devant rien, pas même l’élimination physique.


Et la police est au courant de ces FAITS (car ils laissent des traces avec tous leurs faux documents)….

QUE FAIT-ELLE?

Elle observe les prestataires de services, et comptent les morts.

12 février 2031

L’une des particularités de ce programme de coercition invisible est de dresser les gens, y compris des gens qui se sont aimés, et peut-être s’aiment encore quelque part, les uns contre les autres.

(Je parlerai aussi d’une des plus grandes réussites de ce programme, plus tard.)

Mais pour l’heure, sa plus grande réussite est d’avoir peu à peu normaliser le sentiment d’incomfort, et de rétrécissement, planant tel un sinistre albatros au-dessus de ce don précieux qu’est la vie simple et quotidienne: Des libertés individuelles fondamentales aux plus petites joies anodines, la vie subit un shrinkage accéléré, dont nous sommes supposés nous accommoder comme si l’anormalité était devenue norme: personnes ciblées, kapos, commanditaires qui malgré leurs relatifs privilèges, sentent bien que cette asymétrie claudicante est contre-nature.

Enfant, lorsque je me levais la première, dans le modeste pavillon de banlieue de ma grand-mère, j’adorais ressentir à travers les rayons naissants du jour, toutes les promesses que celui-ci avait à m’offrir : la caresse aimante de mon aïeule, sa présence rassurante, la maisonnée qui s’éveille dans la douceur ailée du matin, le bonheur de se sentir appartenir à ces lieux et à cette famille unie.

Ces temps de paix, âprement gagnées, ont été, aujourd’hui que je suis adulte et sans que je ne sache comment, imperceptiblement chassés par des temps de paix apparents, masquant mal une impitoyable guerre aux contours mal définis.

En de rares occasions, je ressens encore parfois, malgré le ciblage dont je fais l’objet, cette légèreté d’antan. Ca a été le cas lors de ma rencontre avec James, une personne ciblée, un targeted individual, comme le disent les anglophones. Il a pris l’initiative de me contacter, comme l’ont fait avant lui de nombreuses autres cibles de ce programme informel. Le nombre de victimes était d’autant plus impressionnant que nous étions figés dans une impossibilité totale à nous organiser, nous fédérer et avoir des actions efficaces de dénonciation et sensibilisation. Cela tenait au fait que la plupart d’entre nous étions dans la survie immédiate, et que pour une cible réelle, il fallait compter le double , voire le triple d’agents infiltrés se faisant passer pour des cibles, et œuvrant à la démobilisation en interne, à la désinformation et décrédibilisation du mouvement.

James était un cadre moyen de la fonction publique, qui avait fui son ciblage initial dans son pays d’origine, et avait trouvé un bref répit à Odyssea où il s’était marié et avait eu des enfants, avant que le ciblage, mis en suspens, ne reprenne de plus belle. Divorcé, ostracisé, séparé de ses enfants et de plus en plus harcelé au travail, son récit m’avait semblé trop policé pour être vrai. Il n’en était pas moins un camarade de lutte agréable, doté de cet élégant humour pince-sans-rire qui dédramatise même les situations les plus désespérées.

Il m’avait invité, connaissant mon artivisme, à un cours de cuisine atypique, alliant créative writting et l’art culinaire. Avions-nous vraiment flirté ce jour-là? Il faisait beau, nos ciblages avaient sensiblement baissé, ce qui avait accentué mon impression que le sien était décidément faux. J’avais remarqué sans le dire qu’il avait un doux regard mélancolique. Il m’avait lourdement complimenté sur mes jambes nues. Je n’avais bien entendu pas suivi les consignes du coach culinaire puisque j’ai dessiné le fruit que nous avions choisi de préparer, un ananas en sorbet, au lieu de le décrire.

Elève studieux, il m’avait offert la description imagée qu’il en avait fait, suivant les directives attentives de la coach:

« Ce fruit, l’ananas, est en lui-même une fête. Son aspect extérieur , festif et joyeux avec son extravagante coiffe rappelle la graphique et élégante éclosion du palmier. L’image fugace du savant maré-tête des belles des Antilles, aux significations diverses, se superpose vaguement sur ce fruit mal-nommé. »

Bromeliacée », comme celui de la famille végétale à laquelle il appartient, eût été plus approprié, car il évoque le prénom d’une fille aussi compliquée et inaccessible que la forêt de Brocéliande. Ou alors « Nana », comme l’appelaient les indigènes d’aprés un explorateur. Le surnom d’une fille fraiche et frivole, dont l’entetant parfum, et le nectar, ont pu l’espace d’une seconde vous faire perdre la langue.

On est toujours saisi, en palpant ce fruit qui est aussi défi, par l’ immediate proximité de lieux exotiques qu’il parvient à convoquer, en plein mitan de l’anonymat aseptisé et bruyant d’un supermarché de banlieue. Sa surface grumeleuse, grenelée de picots saillants décourage parfois les moins hardis.

Mais le vertige de l’odeur anticipe toujours, chez les plus vaillants, le plaisir du palais, dont les papilles réclament déjà une part forcément juteuse d’un fruit, qui est aussi conquête.

On ne l’aborde, en effet qu’armé d’un couteau. Parfois même à plusieurs, avec empressement, comme devant un butin à partager. Et après un relatif effort visant à le dépouiller de son écorce grumeleuse, on atteint enfin sa chair sucrée et filandreuse.

Il arrive alors que la réalité soit décevante : chair sèche au gout plat et acide, mais parfois le fantasme est encore en deçà du surprenant festival de saveurs d’un fruit à l’aspect si rugueux, car bien qu’on en ait mangé des dizaines,

peut-être même des centaines, cet ananas est à nouveau une révélation qui vous dévoile un aspect du fruit jusqu’ici méconnu,

et vous renvoie, les cheveux blancs, à l’émerveillement de votre enfance.

James B. »

Lorsque plus tard, nous dégustâmes nos glaces, fraiches et fondantes, en lézardant au soleil, je le félicitai sur son évident talent littéraire en lui demandant s’il ne voulait pas le garder. Il sourit énigmatiquement, en me proposant de garder plutôt mon croquis rapide d‘un ananas dansant, à la Joséphine Baker, en échange du texte.

Le seul moment où nous avons abordé la question de l’ ESR, l’encerclement systémique en réseau , aussi connu sous l’appelation anglo-saxonne de gang-stalking, et des cybertortures associées, fût lorsqu’il m’entretint, non sans poésie, de sa volonté de mener une vie de nomade, dans un van ou mobile home, travaillant au gré de ses pérégrinations, passant un mois par ici, puis deux semaines par-là …allant selon le bon vouloir du vent.

Cette vie de nomade ne donnait pas, selon lui, à l’ ESR le temps de s’installer durablement, et la victime avait à peine le temps de remarquer sa reprise qu’elle était déjà sur le départ!

James avait noté qu’une fois la victime sédentaire piégée dans sa zone de vie et de confort, le réseau avait le temps de tisser sa toile, et d’opérer un maillage ultra dense de tous les lieux qu’elle fréquentait, ainsi qu’un embrigadement de l’ensemble de son réseau social et familial. Embrigadement qui pouvait donner le tournis, impliquant collègues de travail, anciens clients, ancien voisinage, ami de longue date perdu de vu, cousinade élargie, famille….

Les proches étaient « retournés » via manipulation mentale, et si celle-ci s’avérait insuffisante, le réseau passait au stade supérieur en allant crescendo: intimidation, menace, assaut, accident…ou corruption, partant du cynique principe que tout le monde avait un prix.

Il était prêt à repartir à zéro, ailleurs, différemment. Seul ou accompagné. Il m’avait semblé qu’il avait appuyé son dernier propos d’un regard soutenu, que j’avais alors choisi d’ignorer. Je ne savais toujours pas s’il était un sympathique pion ou une charmante victime.

Nous nous étions vu à la fin de l’été 2030. Au début de l’automne 2030, j’apprenais par des connaissances communes, d’autres personnes ciblées-ou prétendument ciblées- le suicide de James qui avait en guise de nomadisme, choisi de deserter définitivement la vie pour preserver ce qui lui restait de liberté.

Je relis souvent son texte, empreint de liberté et d’émotion. Je ne peux plus avaler un seul morceau d’ananas.

Le 13 février 2031

L’une des plus grandes réussites de ce système est de dresser les gens les uns contre les autres. Là où le lien social était jadis la norme établie, la solidarité, le souci d’Autrui, la volonté de faire corps avaient été supplantés par la défiance, la haine réciproque, la soif de prédation et de domination.

Quels avaient été les premiers pions de mon entourage à m’encercler? La cousine Tiako, manipulée par des cercles occultes, et par la convoitise qu’elle avait couvé au point de la voir éclore en jalousie mortifère? Sa mère, la mienne, voire les deux, excédées par mon anticonformisme dérangeant? Mes frères et cousins, au penchants totalitaires et misogynes, propres à certains cercles idéologiques? Un ex-conjoint éconduit, ou alors expressément conduit jusqu’à moi pour les besoins de cette mission spécifique? Des amis qui n’en ont jamais été? Un ex-employeur se sentant trahi, alors qu’il a bafoué le premier son devoir? Peu importe puisqu’ils finirent tous par participer au siège dont j’étais la cible. Et les murs qu’ils avaient érigé avaient été fortifiés par les institutions qui auraient du me porter assistance.

Ainsi, en allant porter plainte, lorsque les plaintes, faits de plus en plus rares, étaient prises, je me trouvai confrontée à de subtiles menaces volatiles, pesantes et anxiogènes : des agents passaient régulièrement derrière mon dos, et distillaient à travers la porte laissée ouverte une peur poisseuse par petits piques acérés. Elle va se faire écraser!- On aime pas les fayots ici- Retourne d’où tu viens!

J’avais droit aux mêmes séances musclées d’intimidation dans les palais de justice où j’étais, sans ironie déplacée, « Connue comme le loup blanc« .

L’encerclement était constant, sinueux, vipérin. Je ressentais la danse lascive et serpentine de son nœud coulant autour de mon cou, quelque soit le lieu où je me trouvais. Chacune de ses morsures répandait un venin qui annihilait mon énergie, mon agilité, et fossilisant ma mobilité, réduisait ma capacité de mouvement. Ma foi en un possible changement, déclinait de jour en jour.

L’effet le plus effrayant et engourdissant était peut-être produit par les manifestations les plus inexplicablement étranges de cette coercition, comme les furtives micro-injections que je pouvais ressentir dans le cou, le dos, le visage, les cuisses, le dos ou encore les bras, sans être jamais en mesure de surprendre l’auteur(e) de ces abus:

Un mouvement à peine perceptible par l’oeil dans l’espace, un bruit de pas, une brève trace cinétique, une ombre au sol attestant du passage d’une masse et la vive et nette sensation d’une fine aiguille injectant un produit dont l’immédiateté physiologique des effets sera finalement la seule chose matérielle traçable dans notre organisme…si tant est que les hôpitaux fassent encore correctement leur travail. Oui, encore faudrait-il que les hôpitaux et unités de soins nous réservent un accueil et un traitement égalitaire, ce qui était loin d’être le cas.

Je me rappelle ce jour où mes enfants avaient été volontairement infectés par un poxvirus, diagnostiqué à tort comme une varicelle suite au passage d’un groupe d’infirmiers et d’internes dans l’unité pédiatrique: « S’il lui donne la preuve que c’est un empoisonnement, elle et ses mômes ne sortent pas d’ici, vivants !« 

Le médecin avait refusé dès lors, en dépit de mon insistance et mes arguments, toutes possibilités d’examens sanguins complémentaires, là où quelques jours plus tôt, dans le même hopital et la même unité, l’enfant de Tiako avait bénéficié d’une batterie de tests sanguins pour des symptômes moins graves.

Les vols, extorsions des fournisseurs d’énergie, des banques, des compagnies de transports étaient pléthores sans possibilités d’y remédier puisque justice et droit n’étaient dorénavant que des motifs d’apparat, vidés de substance, de sens et sans réelle fonctionnalité. L’orsqu’un des maillons de ces constructions langagières qu’étaient la police, la justice, le travail social, la santé, en relevait la vacuité, il disparaissait, frappé par un accident, une soudaine maladie ou neutralisé par le biais d’un proche sur lequel la fatalité s’abattait.

La dialectique Hegelienne était largement utilisée : Si un objectif inatteignable, nommé A était visé, le réseau créait un problème B complétement improbable, et C (parent de A) apparaissait alors à tous comme une évidence.

Exemple concret ==> A: Il faut m’empêcher d’accéder à une succession patrimoniale m’avantageant ; B: On invente un faux prétexte, justifiant un ESR; C: L’ESR m’empêche d’accéder à la succession.

Et cela fonctionnait à des échelles et niveaux différents, pour à peu près tout. Ainsi, la prétendue maladie mentale était aussi une méta-construction, via l’imbrication ESR (Encerclement systémique en reseau/gang stalking) et HE (harcèlement électromagnétique ou cybertorture). C’etait parfois leur seule et unique porte de sortie légale face à une cible récalcitrante…D’où la soudaine généralisation dans l’espace public de certains éléments de langage comme eux autour de la santé mentale.

Un débat qui n’aurait pas dû faire l’économie d’une vaste campagne de sensibilisation sur les neurotechnologies, la cybertorture, et traiter de l’internement abusif comme méthode de représailles et de neutralisation sociale, dans les cas d’ ESR.

Dans un contexte de délitement des solidarités, tout individu, du bénéficiaire de minimas sociaux au prof de fac, tout individu peut un jour en être victime ce modus opérandi. Et s’il est possible d’ interner arbitrairement des professeurs d’Université, des avocats, des scientifiques, des policiers haut gradés, il est facile d’en conclure que cela peut être désormais le cas de n’importe lequel d’entre nous.

Ce modus opérandi, l’ ESR et son pendant….une cybertorture aux possibilités probablement plus étendues que ce qu’il est même possible d’imaginer, balançait toute personne qui en était victime dans un vaste trou noir, dans lequel les lois et les preuves étaient inopérantes.

Total H.S, mais demain c’est la St valentin….une fête que je n’ai pas fêté depuis….pfiouuu…..je ne saurai même pas mettre de date exacte sur cette vie antérieure. L’image fugace d’un James éteint ramène implacablement mon esprit vagabohème à l’urgente réalité.

Le 14/15 février 2031

L’ Encerclement Sytémique en réseau ne fait pas de distinction quant à la supposée réussite des victimes, mais il est cependant certain que ce protocole ne s’attaque que très rarement aux millionnaires.

Et c’est probablement ce qui a mis d’accord les 3 dimensions de mon ciblage (familial, communautaire et institutionnel): Il était hors de question, pour cette association de malfaiteurs bénéficiant de soutiens para-étatique, que je puisse accéder à un certain niveau de ressources, revenus et patrimoine. Non que j’imagine être à la tête d’une fortune disséminée dans une pléthore de holdings bunkerisés et sociétés écrans à travers différents paradis fiscaux, ou dissimulés en avoirs et portefeuilles d’actions dont j’ignore jusqu’à l’existence, mais même un petit coussinet confortable de dividendes aurait suffi à faire cesser cette mauvaise farce au profit de la vie, la vraie, celle qui file à une vitesse proportionnelle à l’âge croissant et est donc, d’autant plus précieuse.

C’est jeune qu’on fixe nos fondations, les joies et peines, souvenirs heureux et traumas qui constitueront les bases de notre identité. Cette grille informationnelle tissant la trame de notre future personnalité, on la nourrit dés l’enfance.

C’’est pourquoi ce harcélement doit cesser dès à présent pourque mes enfants, et en particulier Wely, laplus touchée, aient ue chance de construire, avec l’ensemble de ces matériaux, un passeport solide pour l’avenir et que leur résilience soit assurée.

Mes enfants reçoivent tellement d’informations, menaces, intimidations, brimades, climat anxiogène , dépossession de leur bien, insultes insidieuses, rejets, dénis de droit et de justice, moqueries…

tellement de choses négatives qui n’ont rien à voir avec l’ingéniosité ludique d’Ethan, capable depuis qu’il sait marcher se reperer dans n’importe quel espace et dereconstituer un Rubikub les yeux fermés,

la sagesse décalée de Wely, ne supportant pas les cris et œuvrant depuis qu’elle est en âge de parler au consensus et à la paix sociale avec la même implication sérieuse qu’une émissaire de l’ONU,

la perspicacité affutée de Marion maniant les mots et les concepts avce la dextérité d’une adulte, piégé depuis sa première écho, dans un corps d’enfant.

Il est temps d’ extirper ces bijoux d’enfants de la fange dans laquelle ces tortionnaires, œuvres ratées de leurs propres vies, approximatifs et ternis par une indélébile haine, souhaitent nous entrainer.

J’ai donc fini par selectionner et contacter sur le dark web un prestataire, Lenny, dont l’avatar était grisé, mais dont le pseudo m’évoquait, je ne sais pas pourquoi, les traits d’un dangerreux loubard aux verres teintée. Nous nous sommes mis daccord sur un montant de 2000 euros, dont un virement automatique de la moitié de la somme prévu dans les 24 heures de l’execution du contrat , l’autre étant payé en avance. Je pouvais ainsi y faire opposition si les termes du contrat n’étaient pas respectés. Lenny m’informa travailler »en équipe », ce que je trouvais particulièrement étonnant au vu d’honoraires relativement bas, qu’il accepta sans négocier. S’il m’en avait avisé avant le premier virement de 1000 euros, j’aurai probablement reculé, mais là…c’était trop tard.

Une fois les derniers détails reglés et avant de confier les enfants à Cathy, une ancienne collègue et seule ersatz d’amie qui me restait , dont je ne souffrait aucun doute, j’organisai mon ultime journée avec les enfants.

J’avais dabord envisagé une activité faisant l’unanimité comme l’accrobranche ou un ciné, mais je ne voulais pas que la trace que je pouvais saisir d’eux et inversement, imprimer dans leur esprit , soit parasytée par d’autres interactions, d’autres rires, images et éclats de voix que les leurs. Je ne voulais m’imprégner que de leur essence et j’optais finalement pour une portion de parc, connue de nous seuls où nous passames une des plus paisibles, agréables et lumineuses après-midi qu’il nous ait été donné de partager. Lorsque Cathy vint les chercher, officiellement pour « passer le nuit chez elle pendant que je terminais mon exposition » , Welly qui devait sentir das ma voix une inclinaison inhabituelle que je me hatais de masquer par une toux factice, refoulant au loin la houle de lourds sanglots, s’accrochaà moi plus qu’ à l’accoutumée…si tant est que cela fût possible. Je me laissai aller à lui faire un profond calin, mon petit pot de colle adoré, humant l’odeur particulière que le soleil de février avait laissé dans son indomptable chevelure. J’attrapais les deux plus grands au passage, surpris et genés, que j’envelloppais du même ample calin maternel.

Puis je tournais les talons rapidement, pour leur cacher le spectacle de mon visage baigné de larmes.

Plus tard dans la soirée….

J’avais pris mes précautions pour ne pas être visible des tortionnaires. Cela incluait aussi le fait d’être « lisible », si tant est que je puisse m’exprimer ainsi. Ces nouvelles technologies invasives permettaient à nos harceleurs de nous torturer via un dispositif de voixsynthétiques et interactives, qui tel un maton auditif nous épiait, menaçait, insultait, comentait nos moindres faits et gestes, de jour comme de nuit. Ca avait commencé peu de temps aprèsmon retour de Kouyala, comme l’avait prédit la curieuse blonde!

Mais je n’avais jamais pu definir si ces sadiques matons pouvaient, à l’inverse, avoir accès à mon monologue intérieur, à mes pensées intimes. Ne voulant prendre aucun risque, je multipliais les précautions à quelques heures de la délivrance. C’était donc ça que James avait ressenti les dernières heures de sa vie: une grisante reprise en main de son destin, au delà de la perspective de paix retrouvée.

Je grelottais. Les températures avaient beau atteindre des normales quasi estivales en hiver ces dernières années, les nuits restaient invariablement fraiches. En particulier autour du lac.

J’avais prévu de laisser les caussures que je portais sur la rive, tout comme ce journal dont je noircissais les enigmatiques pages qui seront un jour dechiffrées, je l’eperais du moins, par mes trois enfants. S’ils devaient un jour me chercher, c’eest là qu’ils me trouveraient. S’ils devaient un jour , à défaut de me pardonner, comprendre mon geste, ce journal en était peut-être le seul, ténu et fébrile espoir. Je grelottais de plus en plus. Je n’avais paspris de veste par sens pratique, au détriment de mon comfort immédiat. Car apres tout, quelle future suicidée craint le froid…

L’embarcation, aux allures d’épave, approchait dans un bruit sourd qui fendait abruptement la tranquilité de flots aussi sombre que la nuit les recouvrant. A bord, comme l’avait precisé Lenny, se découpaient trois silhouettes.

Une femme, au visage poupin prematurement vieillie et étrangement fardée, m’apostropha de sa voix décatie de gamine « C’est pour vous? Crimée, c’ est ça? »

Je lui répondis à l’affirmative, sans prendre le temps de la corriger, avant de demander à mon tour: «  Qui de vous trois est Lenny? »

Ils partirent d’un même rire saccadée qui se prolongeait en spasmes, danse macabre de ces artisans de la mort, dont l’apparente normalité tranchait avec l’immonde commerce: «  C’est nous trois, ce sont mes fils. C’est une boite familiale, mouais! »

Une fois leur quinte passée, le plus grands des fils, dont le ventre bedonnant pointait sous le coupe-vent, me fit monter dans le bateau bringuebalant. Sa mère lui tendit des poids, une fois que je fus à bord. Je mon contractai, ce n’étair pas prévu. Elle nota mon mouvement. Son hennissement nerveux repris: « Ah non, on va pasles utiliser pour vous. On a d’aut’ clients! Pi, désolée vous nous avez pas payé assez pour qu’on balance a la flotte du bon matos comme ça! »

Je pris alors conscience de l’irréversibilité du destin que je métais choisie : coincée entre 3 malfrats de fortune, pour qui la vie valait moins que des poids. C’était le jeu! Il me fallait à présent prendre courage, à mesure que le bateau avncerait vers le milieu du lac, là où l’eau était à cette heure la plus glacée.

« A mes trois enfants chéris, ma dernière pensée dans cette nuit de tombe qui s’ouvrira sur des jours nouveaux et heureux, est pour vous. Je vous aime tendrement.

Maman.« 

===> Index de DYSTOPIA

Chapitre I: https://edoplumes.fr/2014/12/15/des-apprenantes-ravies/

Chapitre II: https://edoplumes.fr/2022/03/23/sky-et-kora/

Chapitre III: Le journal de Guinée

Chapitre IV: https://edoplumes.fr/2022/09/19/publication-de-mon-3eme-livre-un-roman-dystopique-dystopia/

Chapitre V: https://edoplumes.fr/2022/10/18/agent-k717-tome-iii-de-dystopia/

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